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Sous X |
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Marie-Sylvie
redevient Pascaline, née sous X Elle a obtenu de reprendre son prénom de naissance |
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Par Blandine GROSJEAN mardi 26 novembre 2002 |
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C'est
une victoire intime pour elle, et une brèche dans laquelle vont
s'engouffrer des enfants adoptés. Le 23 octobre, le tribunal de
grande instance (TGI) de Paris a autorisé une femme née
sous X à récupérer son prénom de naissance.
Marie-Sylvie Callier se prénomme désormais Pascaline, Marie-Sylvie.
«Je souhaitais qu'on accepte ma double identité, qui relève
d'une même histoire. Au-delà de la symbolique très
forte, c'est une reconnaissance essentielle.» Elle est née
de mère inconnue le 18 juillet 1954, à l'hôpital Bichat
(Paris, XVIIIe), sous les prénoms «Liliane, Aline, Pascaline»,
ce dernier en lettres majuscules. A l'âge de 3 mois elle a été
adoptée par un couple aisé qui, comme la loi de 1949 l'autorise,
l'a transformée en Marie-Sylvie. «J'ai passé mon enfance
à demander à ma mère comment je m'appelais. Elle
me répondait : "Je te le dirai à 18 ans, c'est très
joli, ça commence par un P." J'ai fantasmé sur tout
un tas de prénoms, Pénélope surtout.» Le matin
de ses 18 ans, elle a su. «Je l'ai immédiatement dit à
ma meilleure amie. C'est elle qui, dans son coeur, a commencé à
m'appeler Pascaline.»
«Procureur agacé». Le tribunal de Paris ne milite pas pour le droit aux origines. Il a simplement estimé qu'il y avait un intérêt légitime à modifier le prénom, tel que le prévoit la loi de 1993. «Tout le monde a trouvé que c'était bien pour elle de s'appeler Pascaline», explique la présidente de l'audience. N'empêche, le parquet ne s'est pas opposé à la requête, alors que la jurisprudence exige que «l'usage» du prénom remonte à la naissance, ait été instauré par les proches et pas par la personne elle-même. Plusieurs juristes avaient découragé Pascaline Callier de se lancer dans ce combat : «On me disait que le procureur de Paris était très agacé par les sous X.» Son avocat parisien, maître Denis Gateau, a pris les choses simplement et pacifiquement. Les attestations de soutien produites par les parents adoptifs de Pascaline Marie-Sylvie ont sans doute rassuré le tribunal. «Il n'était pas question pour moi de les choquer et de supprimer le prénom qu'ils m'avaient donné. Je ne rejette pas leur intervention dans ma vie.» Pascaline a choisi de demander à son père de continuer à l'appeler Marie-Sylvie. Sa mère adoptive a décidé de l'appeler Pascaline. «C'est un prénom précieux puisque c'est celui sous lequel elle a été ondoyée (baptisée sans parrain ni marraine, ndlr), et nous sommes très attachés aux traditions catholiques. Loin de nous couper, "Pascaline" nous attendrit toutes les deux», a écrit cette femme au tribunal. Pluriparentalité. Le TGI a donc avalisé sans tambour ni trompette cette requête «de double identité», biologique et adoptive, premier pas d'une reconnaissance timide de la pluriparentalité. Cette décision s'inscrit aussi dans une lente évolution d'un droit au prénom, plus seulement soumis à l'intérêt collectif, n'appartenant plus seulement aux parents, mais relevant de la sphère de la vie privée. La requête de Pascaline Callier fait partie du combat qu'elle a mené seule et au sein d'associations pour retrouver l'histoire de sa naissance. «J'ai cherché partout, fait toutes les démarches, engagé des détectives.» En vain. «Evidence». Il y a six ans, elle a demandé à l'amie de ses 18 ans d'essayer de l'appeler Pascaline publiquement. «Je voulais savoir ce que ça me faisait à l'oreille. On est allées dans les magasins, elle criait "Pascaline, Pascaline". C'était une telle résonance, une évidence.» Le tribunal a restauré le seul lien public l'unissant à sa mère de naissance, aux trente jours qu'elles ont passés ensemble. Ça n'a l'air de rien. «C'est immense», dit Pascaline, mère de quatre enfants. © Libération |
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mise à jour le 2 décembre 02 |